samedi, mars 10, 2007

C'est la fin...

Derniers jours au Mali. Le temps est passé bien vite, pourtant ici on a l’impression qu’il ne file pas à la même vitesse que chez nous. C’est plutôt agréable. Je me revois débarquant à Bamako en octobre dans la chaleur moite de la nuit, et puis, là, dans ma petite case, me faisant bouffer par les moustiques.
Je sens un peu déjà la nostalgie du pays. La nostalgie du temps africain, de la famille, des sorties en brousse, des rencontres inopportunes, de ces petites choses qui tous les jours te font rire ou au moins sourire, des maliens quoi…et peut-être même du tô que l’on mangeait à 10 h du matin en brousse. Les choses semblent si faciles parfois au Mali « il n’y a pas de problèmes » et pourtant faut voir dans quelle galère la plupart des gens vivent ici. C’est une vie au jour le jour, la survie pour certains. Alors, c’est sûr que le retour en France doit faire bizarre, relativisons quoi !
J’aurais plein de choses à dire mais quand il faut les mettre en forme, ça prend du temps et il faut trop réfléchir…
Finalement, cette expérience ne m’a donné que l’envie de revenir. J’espère seulement que la prochaine session africaine se fera à deux…

mardi, février 27, 2007

Festival sur le Niger

Début février, nous voilà parti en direction de Ségou en moto pour aller au festival sur le Niger avec Timbine et Modibo. Jusqu’à Bla, tout va bien, pose coca cola. On tient notre vitesse de croisière tranquillou. C’est après que ça se gâte. Les maliens ont eu la bonne idée de mettre des ralentisseurs dans tous les villages ce qui permet de limiter le nombre de chèvres et d’enfants renversés. Par contre, c’est bien ce qui a crevé la moto. En fait un rayon de la roue s’est cassé et a percé la chambre à air. Grâce aux semelles des chaussures de Modibo, on ne s’est pas ramassé, mais c’était moins une. Heureusement dans le village, il y a des forgerons qui peuvent réparer la chose. Premier collage de la chambre à air, remontage de du pneu…pffff. Deuxième collage du pneu, remontage…pffff. Bon, alors là on se dit qu’il vaut peut-être mieux changer la chambre à air carrément. Timbine part donc dans le village voisin à quelques kilomètres pour acheter une nouvelle chambre à air. Montage. Le gonflage n’était même pas fini que la chambre à air se fend en deux… encore une chinoise tient. Ils sont assez pervers les chinois. Le nom de la marque de qualité est Kenda, le nom de la marque de cette chambre à air était Renda, ils nous ont eu ! Ils usent de l’analphabétisme des maliens pour leur vendre de la pacotille, c’est joli ça ! Déjà l’Europe prend l’Afrique pour une déchetterie en y envoyant du matériel de toute sorte qui ne fonctionne qu’à moitié en se disant que les noirs seront bien contents d’avoir de beaux écrans d’ordinateurs des années 80 ou des belles R9 qui crachent noir. L’autre partenaire économique de l’Afrique, c’est bien la Chine qui a une place de plus en plus grande dans tous les marchés des pays africains. Elle bien en train de berner les africains aussi en leur vendant toutes ces choses qui brillent mais qui durent peu.
Bref, finalement, après deux ou trois autres collages, nous repartons vers Ségou, on a bien passé quatre heures dans ce village.
Arrivé au pont qui traverse le Bani, on remet ça. La chambre à air éclate, là c’est la fin. Du coup, on a laissé la moto chez le fils du chef de village pour revenir la réparer le lendemain. J’ai continué avec Timbine sur sa moto (une japonaise) et Modibo a pris un bus. On a fini par arriver à Ségou chez un autre Modibo, un ami de Timbine, qui nous accueillait chez lui pour la nuit. Il commençait à faire faim, même le to de mil est passé…
On s’est donc rendu le soir au festival. Le hic, c’est un peu le prix de l’entrée pour les non maliens, les toubabous quoi, 32500 CFA (45 €), 10 fois plus cher que la place pour les maliens, aïe ! Je trouve le prix un peu exagéré quand même, faut pas déconner quoi, tout de suite, t’es un blanc, t’es pété de tune, merde ! J’ai bien regretté d’avoir payé ce prix là car j’aurais facilement pu fraudé pour avoir une place au tarif malien… enfin bon.
Comme on est arrivé un peu en retard, on a loupé Tinariwen (musique Touareg). C’est donc Doussou Bagayoko qu’on a vu en premier, une chanteuse du Wassoulou. Quand elle commence à chanter sa chanson connue, c’est l’euphorie du public, c’est très bon. Le chanteur suivant est le griot de Koutiala, Abdoulaye Diabate. Il chante seulement en quelques 7 ou 8 dialectes. Je l’avais déjà vu quelques fois à la Poule verte, le maquis communal de Koutiala. On en profite donc pour aller boire une petite bière. Comme tout bon musulman qui se respecte, Modibo et Timbine m’accompagne…Le dernier concert était celui d’Oumou Sangaré, LA chanteuse du Wassoulou. Au cours d’une de ses chansons, elle entame l’hymne malien, et là tout le public commence à chanter… O Mali d’aujourd’hui, O Mali de demain… et puis ça repart sur un rythme dianza au djembé jusqu’à l’explosion finale ! Vraiment c’était bon. Tiens aussi, on a vu Amadou et Mariam (cf photos) qui passaient dans le coin.
A la fin de la soirée, on croise une voiture du nom de « Oumou Sang’ », encore une invention des chinois !

samedi, février 17, 2007

A Amadou et Mariam...

Regarde un peu pour voir...

Tiens beh là, je te mets des tô-fos!

Calebasses



Festival sur le Niger, Oumou Sangaré



Amadou and Mariam



Filage du coton en brousse




Coton au silo
















vendredi, février 02, 2007

30/01/2007

J’aurais pu tenir ce blog comme un journal de bord, écrire ce que je faisais tous les jours. Seulement, la flemme me prenait souvent le soir d’écrire tout ce que j’avais fait et la connexion a internet n’était pas très régulière au début de mon séjour.
Alors aujourd’hui, alors que je roulais la chinoise à travers la brousse, je me suis dit pourquoi pas ? Le 30 janvier 2007, dérouler dans un ordre chronologique ce que je fais dans la journée dans un style narrato-littéro-descriptif … Allons-y !

La sonnerie de mon portable sonne à 6 h 30, la fraîcheur se fait un peu sentir et me pousse à me lever. Aminata, la bonne, est déjà levée depuis presque une heure et s’affaire à nettoyer le salon, c’est le « rituel » du matin. Je la croise dans la cour pour aller me laver et échange un « ani soroma ». Oui, enfin il caille encore trop le matin à cette heure-ci pour se laver de la tête au pied, je me contente du visage. Au petit déjeuner, j’ai testé la confiture de papaye que j’ai acheté la veille à une association de femmes de Koutiala, pas mauvais ma foi même si le pain de la veille est un peu dur. Adama sort la chinoise de sa case, une fois prêt à partir, j’enfourche la chose. Un peu de starter, et un coup de kick suffisent à démarrer la moto. Aminata dit « la vieille » (attention : cette Aminata est différente de la bonne, c’est la fille à Daouda, cf premiers articles) monte derrière et nous voilà parti en direction du centre ville. Après avoir déposé Aminata devant l’école, je prends la direction du 1er quartier de Koutiala pour aller chercher Modibo. Lorsque j’arrive, il tient sa fille de deux ans dans les bras qui appelle toujours « papa » quand Modibo part. Nous partons en direction de Sougoumba aujourd’hui. La traversée de Koutiala est toujours aussi agréable le matin avec les gaz d’échappement de camions qui t’arrivent en pleine face et l’odeur nauséabond du marigot, t’es obligé de plisser les yeux au point que tu ne vois presque plus rien. Une cinquantaine de kilomètres sur le goudron, 70 km/h de moyenne avec la chinoise, et nous prenons la piste qui mène au hameau de Mustafa Berthe. Il commence déjà à faire un peu chaud mais c’est agréable. A l’arrivée dans le hameau, le vieux nous reçoit, nous échangeons les salutations habituelles, moitié en minianka, moitié en bambara. Une femme nous apporte de la bouillie, un mélange de farine de mil en boulettes avec de l’eau et du sucre. C’est pas mauvais même si c’est vrai qu’en faire le petit déjeuner de tous les matins ne doit pas être facile quand on est habitué au pain-beurre-confiture…Les femmes nous saluent, toujours en se baissant devant les hommes. Beh oui, au moins celles-là elles savent se tenir devant les mâles ! Une bicyclette arrive de la piste, un homme âgé vient annoncer au vieux que un de ses neveux qui est à l’école à Koutiala est décédé. L’enterrement de l’enfant à lieu à Koutiala, ensuite des sacrifices auront lieu au village. Avec Modibo, nous décidons alors de ne pas travailler avec les exploitants aujourd’hui. Nous voulons tout de même passer dans le village (comprenez le « bourg » de chez nous) pour voir le reste de la famille et faire des condoléances. Arrivés au village, nous rencontrons le chef des cultures de l’exploitation, Muktar, qui se dit prêt à travailler avec nous car les sacrifices n’auront lieu que dans l’après-midi. On se pose donc sous un hangar pour l’entretien. Aujourd’hui, on a quelques questions sur les prestations du tracteur, les ventes de céréales et des questions plus qualitatives sur leur perception de la motorisation (les avantages, les inconvénients de la machine selon leur expérience…). Evidemment, un bon entretien ne peut se dérouler sans sa triple dose de thé…chinois (mais à la malienne). Muktar apporte aussi des bananes et de l’arachide. Mis à part le ronronnement du moulin, l’atmosphère est paisible et reposante. Des hommes discutent sous un autre hangar pendant que des femmes pilent le mil ou vanne les céréales, des enfants passent en poussant un pneu de vélo avec un bâton pour le faire rouler… Mustafa, un des membres de l’exploitation arrive sur sa Yamaha 100 (une japonaise celle-ci), c’est un des seuls paysans que l’on enquête qui parle français. On échange donc sur les thèmes évoqués plus haut, sur le fonctionnement de la coopérative des motorisés et aussi sur l’agriculture malienne, l’Afrique… A certains moments, la conversation se fait de français en bambara en minianka. On ne repartira pas sans avoir bu notre coca-cola, c’est un peu la tradition à Sougoumba quand ce n’est pas du dolo ou de la castel. On reprend donc la route en direction de Koutiala vers 13h. Cette fois-ci, le soleil tape, même sur la moto on sent le vent chaud. La chinoise commence à avoir des kilomètres, il faut que je l’emmène chez le mécano pour faire la vidange et compagnie… Modibo me dépose donc à la maison et amène la moto chez le mécanicien. Au menu ce midi, riz-sauce arachide (ou mafé), bananes. A la fin du repas, je prends mon petit jus de tamarin-gingembre bien frais qui sort du frigo, mmh ! C’est vrai, je ne me suis toujours pas lavé aujourd’hui. Comme je n’ai pas le droit de prendre l’eau dans le puits (toujours un peu gênant), c’est la vieille qui s’en charge. Je sens un peu moins le chacal à présent. Une demi-heure à peine de travail et Modibo arrive pour qu’on aille chercher la moto. Avant ça, nous passons à la chambre d’agriculture pour récupérer un document pour des paysans qui veulent monter une coop de commercialisation de céréales. Quand on arrive chez le mécano (ou les mécanos car ils sont nombreux à s’occuper de toutes une batterie de deux-roues), la moto est partie se faire laver (elle aussi). Le démarreur ne fonctionne toujours pas, les mécanos partent donc en acheter un autre qui ne fonctionne pas non plus. Ils en prennent alors un sur une autre chinoise neuve, problème aussi. Ils finissent par aller en acheter encore un autre je ne sais où et celui-ci marche. La moto est remontée. Essayade. Néant. La batterie n’est même plus connectée. Le fil s’était débranché. Encore une demi-heure pour réparer la chose et enfin la moto est prête. Elle sait se faire attendre cette chinoise, j’y ai passé presque 3 h. Finalement, je m’en tire pour 4000 CFA (6 €) pour l’ensemble.
Au retour dans la famille, Saly a finit de se faire tresser la tête, elle prépare le repas du soir assise sur son tabouret face à la marmite. Les filles sont revenues de l’école et les enfants du voisinage s’amusent dans la cour. La lumière du soir est douce, je crois que celle que je préfère. Au menu du soir, c’est haricots verts, sauce tomate, viande...bananes. C’est la première fois que je mange des haricots verts ici. On commence à en trouver des frais sur le marché. Je n’ai pas encore vu Saly ou la vieille ouvrir une boîte de conserve mise à part le concentré de tomates. Avant le repas, c’est le rendez-vous quotidien avec la série brésilienne « Barbarita ou les fleurs de l’amour ». Déconnez pas, je suis la chose. Surtout aujourd’hui, Monica a annoncé à Gaetano, son ex-mari portugais, que Isabelle Velez est sa fille et qu’elle s’appelle en réalité Barbarita. Miguel, lui s’est fait largué par cette même Isabelle Velez qui s’est marié avec Rodolpho le frère de Miguel mais elle ne l’aime pas, pendant ce temps le troisième frère est l’hôpital en attente d’une greffe de rein suite à une bagarre avec Climaco le frère de Barbarita… Un bon scénario quoi ! Tembely arrive comme d’habitude vers 20h pour suivre le journal à la télé en mangeant. Qu’a fait le président ATT aujourd’hui ? Oh dis-donc, il inaugure une piste rurale, il participe à une réunion avec la représentante de l’Union Européenne au Mali, il… Avec Tembely, on s’est connecté sur le net quelques instants pour qu’il envoie un mail… Je regarde un peu la télé, mais l’émission est en bambara…Finalement, je finis par allumer cet ordinateur pour concrétiser l’idée de la moto du matin et me faire bouffer les jambes par les moustiques…

Si tu as lu cette article jusqu’au bout, c’est gentil de part. Envoie cet article à 10 personnes et un enfant malien ne mourra pas du paludisme demain. Des gens ont calculé qui si 100000 personnes participent alors toute l’Afrique sera sauvé même.
Humour bordel !

mardi, janvier 09, 2007

Présidentielles 2007

La campagne présidentielle semble commencer à battre son plein d’après ce que je peux entendre sur RFI. L’élection du candidat de l’UMP, notre cher Jacques briguera-t-il un 3ème mandat ? Bruno s’est réconcilié avec Jean-Marie, chouette alors ! Le fasciste vendéen a-t-il dit son dernier mot ? Fera-t-il le poids face à ses adversaires du FN ? Un 2ème tour Le Pen-Royal ? Marie-George Buffet se présente pour le PC, la gauche anti-libérale n’a pas réussi à s’accorder sur un candidat commun pour les présidentielles, dommage ! On ne parle plus de Nicolas Miguet ? Ah oui, j’oubliais François, le cul coincé entre deux chaises. Avec ces deux candidats marketing de « gauche » et de droite, j’ai parfois envie de dire merde ! Pour qui voter ou pour quoi voter ?
Bref, au Mali aussi ce sont les élections présidentielles au mois d’avril. Ici, la chose paraît plus simple. Les partis déclarent les uns après les autres leur soutien au président sortant Amadou Toumani Touré (dit ATT, l’ami des enfants). Il ne restera bientôt plus de parti politique d’opposition pour les présidentielles, des élections sont-elles nécessaires ? Non, j’exagère un peu mais c’est vrai qu’à la télévision malienne, on parle beaucoup des actions du président, de tous les gens qui le soutiennent. Des chanteurs maliens du Wassoulou ont même écrit une chanson faisant l’éloge de actions du président, un peu comme la chanson du RPR avec Jacques Chirac pour la campagne de 1988 (« On a dans notre pays le pouvoir de changer de vie, demain si nous le voulons nous réussirons, le France a besoin d’un homme de courage de résolution, votons Jacques Chirac, en avant toute la nation …», mmmh !). Le clip passe sur la chaîne public malienne, l’ORTM. Dans le clip, on voit le président poser des premières pierres, offrir des tracteurs aux paysans… Merci ATT.

Bonne Année

Comme à l’habitude, je n’écris pas tellement souvent sur le blog. Je vais tenter de faire un petit résumé de ce qui s’est passé ici pendant les fêtes.

Le 20 décembre au matin, direction Bamako avec les transports Bittar. A l’arrivée, un ami de Daouda en costar-cravate est venu me chercher à la gare routière avec son RAV 4, c’est un fonctionnaire du ministère de l’agriculture qui a un peu d’argent quoi. On est allé chercher Anne le soir à la raie au porc. Retrouvailles.
Le lendemain, on s’est promené dans Bamako, je n’avais pas encore eu l’occasion de tellement découvrir la capitale malienne. On a aussi visité le musée national qui présente des objets de la culture de différentes ethnies du Mali (Dogons, Bambara, Senoufo…) et des tissus du pays (Bogolan, indigo…). En fin d’après-midi, on a pu assister au concert d’une chanteuse du Wassoulou (une élève d’Oumou Sangare) avec des danses de mâlâde ! (Vidéos à l’appui…).

concert et danse au Musée de Bamako

A Bamako, on a aussi été voir la maison des artisans, un truc à touristes où tous les vendeurs te proposent des masques, des tissus, des colliers… et comme t’es le premier client il te font un prix, c’est pas cher, il faut voir pour le plaisir des yeux… N’empêche que l’artisanat malien est plutôt joli.
Samedi 23 décembre : départ pour Koutiala en bus toujours avec les transports Bittar avec pour repas des échaudés (les gâteaux vendus par les gens sur le bord de la route…). On a donc passé Noël dans la famille Dembele. Anne avait ramené du foie gras et une bouteille de Monbazillac qu’on a dégusté avec la famille. Ils ont transgressé les principes de leur religion mais ont plutôt apprécié le vin (tchimi tchama en bambara). Avec Anne, on est même allé à la messe de minuit à la mission catholique de Koutiala. L’église était pleine, il y avait des chants et une mise en scène de la naissance du petit Jésus… noir, c’est ce pas ? Leurs messes sont un peu plus dynamique que les nôtres, à la fin les gens restaient danser sur le son des djembés et des balafons.

Noël à Koutiala

Le mercredi 27 décembre, on est parti vers le pays Dogon avec Anne et Daouda. On a déjeuné à Mopti face au fleuve. C’est une ville agréable entourée d’eau (« la Venise malienne » dit-on), c’est vrai que ça change de Koutiala où les seuls étendues d’eau sont quelques marigots souillées par les ordures ménagères…L’après-midi, on s’est dirigé vers Bandiagara, la ville d’Amadou Hampaté Ba. Les paysages commencent à changer, on voit se dessiner des reliefs par endroits. La route entre Bandiagara et Banani est assez chaotique, on a bien mis 2 heures pour faire 45 km. D’un côté, c’est ce qui fait peut-être un peu le charme de la chose mais de l’autre tous les touristes se baladent en gros 4x4 climatisés en épiant les dogons dans leur champs d’oignons. Non peut-être que j’exagère mais il y a un côté safari quoi. Dans tous les cas, c’est vrai que le paysage est carrément superbe, on est arrivée avec la lumière du petit soir, une lumière douce, les falaises dans les tons rouges orangés. Vous voyez quoi, des petits moments qu’on voudrait qu’ils durent plus longtemps. Enfin si ces moments duraient trop longtemps, on ne prendrait plus de plaisir à les retrouver…

entre Bandiagara et Banani

On a dormi sur les terrasses d’un campement familial à Banani. C’est assez magique de se réveiller entourés des falaises, le soleil qui commence à éclairer les rochers qui ont alors une couleur jaune, l’atmosphère du village qui se réveille doucement. Avec un guide dogon, on a pu se promener des les villages voisins de la falaise (Ireli, Amani), on s’est arrêté boire du dolo (bière de mil) dans une famille. Les enfants dogons ont été bien éduqués par le touriste toubab ! « Donne-moi un bic », « donne-moi un bonbon », ou bien « donne-moi 100 F ». Ouais, c’est un peu le problème, les dogons sont un peu pervertit par le système touristique. Pour prendre la photo des crocodiles ou de la case à palabre de Jacques Chirac, il faut payer 1000 CFA.

Nuit à la belle étoile sur la terrasse

Au retour du pays Dogon, on est passé par Djenné. C’était vendredi, au moment de la prière, Daouda a pu allé prier dans la fameuse mosquée de Djenné pour la 1ère fois. C’est vrai que la mosquée est impressionnante. On a pu assister à la sortie de la prière, tous les hommes vêtus de leur boubou coloré se dirigent alors vers leur quartier respectif. La majorité des maisons de Djenné sont à étage et construites en banco (briques faites à base d’argile) ou en briques de terre cuite ce qui donne un air de ville du maghreb.

Sortie de la prière à Djenné

De retour à Koutiala pour la Tabaski (ou l’aïd el kebir). Après la prière du matin, Daouda a égorgé le bélier dans la cour devant son collègue mouton qui n’est pas encore assez gros pour se faire bouffer. La bête égorgée s’est ensuite fait dépecer par Adama. On a commencé par manger le foie et le cœur accompagné de pommes de terres frites à 11h du matin. Pour le déjeuner, on a mangé un autre bout du mouton avec une sauce à la tomate et aux oignons (Nanji en bambara) avec du riz. Le soir c’est du mouton grillé avec de la salade. Bref, tu bouffes de la bidoche quoi ! Il manquait seulement la sauce blanche pour se faire un bon kebab…

Repas de fête pour Tabaski...

Une part des plats préparés est offerte aux familles chrétiennes du quartier (celles-ci avaient fait de même le jour de Noël) ou à des frères, sœurs, oncles… C’est beau non, cet amour entre les religions. Beh oui, après tout que ce soient les musulmans ou les chrétiens, tous prient un Dieu, pourquoi ça ne serait pas le même ? Parfois, les gens sont bien compliqués avec la religion. En tout cas, au Mali, c’est appréciable cet esprit de tolérance entre les diverses religions.

Et le lendemain de la tabaski, il reste encore du mouton à griller pour le 31 décembre. On a pas fait grand-chose avec Anne, on est allés dans un maquis avec Modibo boire quelques Castel. A minuit, les griots ont chanté « Bonne année, bonne année… » et puis on est allé se coucher quoi. Histoire de faire un peu de moto, on est allé à Terya Bugu avec Anne et Modibo au bord de la rivière Bani. Terya Bugu est un village qui a été construit par un père blanc dans les années 70. C’est devenu un centre de tourisme solidaire et durable. Il a développé les énergies renouvelables sur le site (biogaz, éolienne, panneaux solaires) et l’agriculture (maraîchage, plantations). Depuis le mort du père en 2003, les chambres sont devenu payantes, dommage. Au restaurant, on sert des plats à base de produits issus du village mais pas tellement africains… Enfin, le site est tout de même agréable.
En retournant sur Bamako, on s’est arrêté une nuit à Ségou. On s’est baladé sur les bords du fleuve, c’est une ville sympa.
J’ai donc laissé Anne à l’aéroport vendredi soir…
Aujourd’hui, j’ai repris le travail et là je dois m’activer un peu quand même !

lundi, décembre 11, 2006

News

A l'abattoir de Koutiala
Dans la bananeraie de Moussa
Ouverture d'une caisse locale de Kafo Jiginew, la banque de microfinance de la région de Koutiala
Paysage de brousse dans les environs de Koutiala
A droite du tracteur chinois, Modibo
Dans un champ de maïs
Dans la cour toujours
La chinoise
Dans la cour chez Daouda


Bon des nouvelles un peu quand même, je sais que j’actualise pas souvent le blog… J’ai écrit quelques articles sur des sujets ou des journées des semaines passées. Je peux vous parler au présent maintenant…
Après quelques 2 jours où j’étais un peu malade, j’avais une sorte de crève, je pense que c’est le vent et la poussière qui m’ont filé ça, je vais mieux. A Koutiala, le temps s’est assez rafraîchi, notamment dans la nuit et le matin (il fait environ 15°C), par contre dans la journée le température monte encore jusqu’à 30-35 en plein soleil. La plupart des maliens ont sorti les gros blousons d’hiver parfois assez années 70 d’ailleurs. Les gens se couchent encore plus tôt qu’avant. Même moi, je me les caille le matin en moto pour aller en brousse, on m’avait pas dit qu’il ferait si froid ! Le vent, l’Harmattan, commence aussi à souffler le matin jusqu’au midi en provoquant des nuages de poussières qui viennent s’ajouter à la fumée dense des gaz d’échappement de Koutiala. Quelques personnes portent des trucs pour couvrir la bouche et le nez, là, comme les médecins, vous voyez. C’est vrai que tu respires pas mal de saloperies. En même temps, on est bien content de leur refiler nos vieilles bagnoles européennes des années 70-80 ou nos vieux camions qui crachent noir…n’est ce pas ? C’est comme les PC, dans le bureau où je suis, Daouda en récupéré trois, c’est sûr que ça fait classe quoi, on dirait un bureau de professionnel mais aucun des ordinateurs ne fonctionne…
Côté stage, les enquêtes avancent, je suis en train de faire un 2ème passage chez les paysans. On est toujours aussi bien accueillis chez les maliens, il n’est pas rare que l’on reparte avec une pastèque ou de l’arachide. Et puis, on discute pas mal du pays les paysans, Modibo, Daouda… sur les problèmes de son développement, sur les marabouts, l’excision… Les maliens croient assez aux maraboutages. Beaucoup de responsables d’Etats ou de chefs d’entreprises consultent les meilleurs marabouts du pays. L’autre jour, Modibo me disait qu’il avait acheté une fois une amulette qui permettait de détourner les balles si l’on te tirait dessus avec un fusil… Bon lui il n’a pas eu l’occasion d’essayer car l’objet s’est gâté (comprenez il ne fonctionne plus) car il a du faire une mauvaise manipulation avec… mais si si on lui a dit que le gri gri fonctionnait avant…
Hier soir, avec les alençonnais, on a été à un concert à la Poule Verte, le maquis communal. Les frères Diabate, célèbres griots de Koutiala, se produisaient. Niveau musical, c’est bien mais c’est vrai que la voix du griot est toujours super saturé avec des tonnes de reverb ce qui est un peu désagréable, peut-être pour nos oreilles de franci (comprenez français). On y retourne ce soir car il y a un concert du BANKO Music, un orchestre composé à l’origine de musiciens maliens, français, anglais et allemands, il ne reste plus que les maliens maintenant.Ah oui, Anne arrive bientôt et ça c’est pas mal aussi…

Des toubabou à Koutiala

Quel étonnement l’autre jour quand j’ai croisé un français à Koutiala, c’est vrai qu’on ne voit pas beaucoup de toubab ici, seulement quelques suisses, américains, et des soeurs italiennes. En fait, ils sont une dizaine de gens d’Alençon (ville jumelée avec Koutiala) qui sont ici pour un mois. Il y a des élèves infirmiers et assistantes sociales, ça permet de discuter un peu quoi…J’ai pu les inviter à manger chez Daouda histoire de leur faire goûter le fameux to et un yassa.

A la chasse au porque pic

L’autre jour, nous sommes arrivés chez un paysan pour une enquête. Pour répondre aux questions, il a préféré trouver un endroit tranquille car il est souvent dérangé. On enfourche donc la moto pour faire quelques kilomètres dans la brousse. On se pose alors dans les rochers face au paysage. Lorsque l’on a fini l’enquête, le paysan nous emmène voir ses cultures et nous montre les cachettes du chien sauvage, des porques pic et des serpents que son père vient chasser la nuit. Il nous montre aussi la « carrière » où les enfants viennent tailler les pierres qui servent à fabriquer les moulins traditionnels. On se pose dans le champ de coton non loin des bidons vides d’herbicides pour goûter la pastèque : elle est mûre…

samedi, décembre 09, 2006

Je n’ai pas encore vu un malien boire du banania (le mythe s’effondre), ils préfèrent généralement boire le lait frais. Souvent lors des enquêtes en brousse, on offre le lait frais à l’étranger. Ou alors on le mélange avec de la semoule de mil et du sucre, c’est pas mauvais ma foi…

Le plat traditionnel, enfin celui le plus mangé est le to.

Pour réussir votre to, il vous suffit d’avoir de la farine de maïs, de mil ou de sorgho plus ou moins grossière, de la mélanger à de la « potasse » (les femmes récupèrent les cendres des résidus de culture qu’elles font brûler) et de l’eau. Vous obtenez alors une sorte de pâte épaisse et assez fade ma foi. Le to se déguste avec une sauce gluante à base gombo (c’est ça qui rend le truc gluant) et de tomate. Parfois, il y a un petit bout de viande qui traîne dans la sauce. Après vous prenez votre main droite, vous piochez dans le plat où il y a la pâté et vous trempez dans la sauce. Pour ma part, c’est pas le plat dont je raffole mais ça peut se manger. Il y a aussi le riz sauce arachide avec du poulet, le riz au gras, le riz avec du Capitaine, la patate frite, la purée de courge-arachide (ça ressemblerait un peu au beurre de cacahuète niveau goût)… et puis la banane, la pastèque, la papaye, l’orange…J’ai pu goûter le Dégué aussi, c’est à base de farine de mil que l’on mélange avec du lait, du beurre et on ajoute quelques arômes artificielles.

Côté boisson, Saly fait son petit commerce de bissap, de jus de gingembre et de tamarin ainsi que de pain de singe (ça vient du baobab), et c’est pas mal bon tout ça. Pour la binouse, il faut se rendre dans les sombres repères de la ville, les maquis, où l’on peut déguster une Castel ou une Flag voire une Guiness. Des endroits qui sont parfois un peu glauques, des jeunes femmes qui te servent à boire et puis des allers et venus dans des chambrettes, enfin voyez la chose quoi, un bordel. En même temps, tu peux commander un lapin en sauce et ce n’est pas dégueulasse.

Et puis, on boit pas mal de thé.